Introduction

La luxation patellaire (patella : rotule en latin) chez le chat, est en cours d’observation. Apparue chez quelques sujets, très rarement chez des Abyssins, encore moins chez le Somali, c’est une maladie encore peu connue.

Certains la disent polygénique dominante, d’autres la disent récessive, d’autres encore la disent non transmissible.
Seuls le temps, l’observation intelligente et les réactions sensées permettront, si la nature nous en donne la possibilité, d’éliminer ce handicap.

Pourquoi : « si la nature nous en donne la possibilité ? » parce que jusqu’à présent il n’a pas été apporté la preuve du mode de transmission génétique (qu’il soit dominant ou récessif) et que si ce handicap touche « au hasard » tel ou tel chat, dans ce cas-là, nous ne pourrons rien faire.
Par contre, si on parvient à observer et à démontrer le mode de transmission génétique, il sera possible d’oeuvrer jusqu’à l’élimination de la luxation  patellaire.

Description de la luxation

Lors de la flexion de la jambe, la rotule coulisse dans une « gouttière »: la trochlée du fémur. Lors de l’extension de la jambe, la rotule est maintenue à sa place par le ligament patellaire, qui va de la rotule au tibia.

Le quadriceps est le muscle qui lors de sa contraction permet la flexion de la jambe. Le ligament qui fixe le quadriceps au dos du péroné permet un mouvement dans l’axe.

La luxation de la rotule peut provenir de deux causes différentes:

  • soit la trochlée n’est pas assez profonde et la rotule se déboîte
  • soit le ligament fémur-péroné est trop long, l’axe du mouvement n’est pas conservé et la rotule se déboîte.

Stades

Stade 1:
Le déboîtement est si faible qu’il passe souvent inaperçu. Dans ce cas, il ne gêne en rien l’animal.
Stade 2 :
Le déboîtement intervient lors d’un saut ou de la reprise du contact avec le sol. La rotule se remet seule en place. Le boitement est rare et dure peu. L’animal ne souffre pas.
Stade 3 :
Le déboîtement est plus fréquent et il est nécessaire que l’homme remette la rotule en place. A ce stade-là, on observe souvent que l’animal ne pose pas complètement sa patte. La douleur est présente.
Stade 4 :
Malgré l’intervention manuelle, la rotule ne reste pas en place: il faut intervenir chirurgicalement.

Interventions

Aux stades 1 et 2, le confort de l’animal n’est pas remis en cause.
Aux stades 3 et 4, il faut intervenir tôt, car plus longtemps dure la période de luxation plus le physique de l’animal sera endommagé: irritation, inflammation, écrasement, déchirure.
De plus, psychologiquement l’atteinte est réelle.

Conséquences en élevage

Deux options sont actuellement observées:

  • l’élimination d’office du programme d’élevage de tout animal atteint. Option prônée par les adeptes du risque zéro
  • l’utilisation judicieuse des chats atteints. En sachant que les symptômes n’apparaissent qu’après 14 mois, travailler intelligemment avec ces animaux implique de garder hors du circuit tout enfant né d’un parent atteint avant de connaître son statut. Puis, garder un oeil circonspect sur les générations suivantes.

Ceux qui ont choisi cette voie ont opté pour un travail plus long à mener tout en offrant à la race la possibilité de garder un patrimoine génétique large, puisque jusqu’à présent, rien ne confirme la transmission héréditaire de ce problème.

Conclusion

A ma connaissance, après enquête auprès des écoles vétérinaires, de cliniques félines françaises et étrangères, d’éleveurs ayant une banque de données importante, il apparaît qu’aucune étude d’envergure n’a été menée chez le chat.

Travailler avec des chats atteints demande du temps et du discernement. Il faut aussi garder à l’esprit qu’un chat entier, en observation, ne peut reproduire qu’âgé d’au moins 14-18 mois.
Parallèlement à cette attente, il doit être respecté dans sa nature: confort et comportement hormonal inclus.
C’est un investissement en temps et en place que peuvent offrir des éleveurs passionnés, sérieux et rigoureux.

Nota Bene

J’ai rédigé ce rapport pour qu’il soit lisible par tous. Mes conclusions sont partagées par de nombreux éleveurs, condamnées par d’autres.
J’attends de l’avenir et de la communication entre éleveurs-vétérinaires-propriétaires d’Abyssins-Somalis que la luxation patellaire puisse devenir un sujet moins controversé, nous ralliant tous au nom de nos races aimées, pour le bien-être de nos chatons, et celui de leurs familles.

Pour terminer, je me permets de rappeler que les cas chez l’Abyssin sont très rares, chez le Somali inconnus (à ma connaissance).

par Agathe KERN-ZAHN, chatterie WALDO’S SWEET LULLABY