La prise de colostrum, dès les premières heures de vie est très importante pour la survie du nouveau-né. En effet, le chaton naît quasiment sans gammaglobuline ; il est donc très peu protégé contre les infections et ses besoins énergétiques sont importants.

Le colostrum est fabriqué dans les jours qui précèdent l’accouchement. Sa production est induite par la prolactine sécrétée par l’adénohypophyse. Cette hormone stimule l’activité sécrétoire du tissu mammaire, conduisant à la production du lait. Le lait des premiers jours est appelé colostrum.

Ce lait un peu particulier a une fonction à la fois nutritionnelle, immunologique et hormonale qui est très différente du lait produit à partir du troisième jours post-partum.

  • Composition nutritionnelle :
    Il est plus riche en protéines et en lipides que le lait analysé à 4 semaines, mais son apport énergétique est similaire.
  • Composition immunologique :
    Il y a une forte concentration en IgG (50 à 70 g/l contre 5 g/l pour le lait). Les IgA et IgM sont présentes en plus faible quantité (96% d’IgG pour 2% d’IgA+IgM). Cette forte concentration en immunoglobulines va chuter rapidement après la mise-bas.
  • Les autres facteurs immunitaires :
    Le colostrum contient, en plus des Immunoglobulines, des antitrypsines qui protègent celles-ci de la digestion et des facteurs antimicrobiens non spécifiques (Lysosymes, Lactoferrines).
  • Autres composants :
    On trouve de plus des enzymes favorisant la digestion, des facteurs de développement de la muqueuse digestive, des hormones et facteurs de croissance…

A la naissance, les chatons ne s’approprient pas une mamelle en particulier, même si on remarque une préférence pour les mamelles postérieures. Ce n’est qu’après quelques jours, qu’ils marqueront un attachement plus précis à une ou deux mamelles.

Du fait de son importance pour les nouveau-nés, il est nécessaire de veiller à ce que la chatte produise un colostrum de qualité et en quantité suffisante. Une bonne alimentation en quantité et en qualité, un milieu calme et un éleveur rassurant joueront un rôle important dans cette production. Les facteurs défavorables seront la primiparité, la douleur liée à un accouchement difficile ou à une maladie de la mère.

Dans le cas d’un mauvais démarrage de la lactation, il est possible d’agir. Diverses molécules peuvent être utilisées comme l’acépromazine (en cas de stress), le métoclopramide (qui stimule la production de prolactine), le tramadol (contre la douleur) ou l’ocytocine (pour provoquer l’éjection du lait).

Le colostrum est important pour les chatons car il apporte protection immunitaire, énergie, et facteurs de croissance.

  • Protection immunitaire :
    Les IgG présentes en grandes quantité dans le colostrum sont absorbées par la muqueuse digestive du chaton et lui apporteront une protection anti infectieuse. Mais le passage des IgG cesse après 16 heures de vie. Il est donc très important que le chaton ait une bonne prise de colostrum avant ces 16 premières heures. Il est possible d’apprécier une insuffisance de transfert de l’immunité passive en dosant les PAL dans le sang du nouveau-né (PAL < 1500 UI/l).
  • Apport énergétique :
    L’énergie apportée par le colostrum est similaire à celle du lait. En terme d’apport énergétique, toute chatte en lactation peut prendre en charge un chaton nouveau-né.
  • Apports hormonaux et facteurs de croissance :

Si la chatte n’a pas de lait, ou qu’il risque d’être dangereux pour les bébés, quelles solutions substitutives avons-nous ?

Si un substitut est nécessaire, il faut l’administrer dans les 16 premières heures soit par tétée, soit par sondage oro-gastrique (1,5 ml /100g de chaton). Il y a peu de solution substitutive :

  • Utiliser le colostrum de chat :
    C’est la solution idéale pour autant qu’il n’y ait pas d’incompatibilité de groupe sanguin. Malheureusement, elle n’est pas très facile à mettre en œuvre, notamment pour la récolte du lait. Il faut des chattes patientes et des éleveurs très motivés ! Si c’est le cas, on peut congeler des petites quantités de colostrum (2 à 5 ml) et les conserver à priori un an à -20°C. La décongélation se fera à 37°C au bain marie ou chauffe biberon (pas de micro-onde !).
  • Utiliser le colostrum de vache :
    Facile à trouver en grande quantité, il apportera l’énergie et les facteurs de croissance, mais pas l’immunité passive.
  • Utiliser le lait d’une chatte en cours de lactation :
    C’est un lait bien adapté aux chatons, mais pas de transfert d’immunité.
  • Utiliser du lait maternisé :
    Là encore, le manque de transfert d’immunité pose problème.
  • Utiliser du sérum félin :
    Le principe consiste à administrer du sérum obtenu à partir de sang de chat adulte. L’administration peut se faire par injection ou par voie orale, mais les quantités d’immunoglobulines fournies sont insuffisantes et éliminées en quelques jours.
  • Utiliser du sérum d’autres espèces :
    Ces sérums n’apportent pas d’immunité efficace aux chatons.
  • Utiliser de la poudre d’œuf hyper immune :
    Le principe est de vacciner des poules contre des maladies des chats. Les anticorps (dits IgY pour Yolk = jaune d’œuf) fabriqués par les poules se concentreront dans les jaunes et sont récupérés pour être ajouté à du lait maternisé. Cette solution est efficace et déjà produite par Royal Canin (Puppy Pro-Tech) pour les chiots, mais elle n’existe pas (pas encore ?) pour les chats.